Les fleuves jouent un rĂ´le vital dans les Ă©cosystèmes terrestres : ils fournissent de l’eau potable, facilitent le transport, irriguent les cultures et abritent une biodiversitĂ© exceptionnelle. Pourtant, en 2025, nombre d’entre eux sont gravement menacĂ©s par la pollution, notamment par les dĂ©chets solides, les rejets industriels, les nitrates agricoles et les substances toxiques comme le mercure. Cet article fait le point sur les cours d’eau les plus polluĂ©s et les solutions envisageables pour enrayer cette crise globale.
Les fleuves les plus affectés en 2025
Le Gange (Inde)
SacrĂ© pour des millions d’Indiens, le Gange est pourtant l’un des fleuves les plus souillĂ©s de la planète. Il reçoit chaque jour des millions de litres d’eaux usĂ©es non traitĂ©es et de dĂ©chets industriels. En 2025, une couche flottante de plastiques, de cadavres d’animaux et de rejets chimiques recouvre toujours certaines zones, malgrĂ© des plans gouvernementaux successifs.
Le Citarum (Indonésie)
AppelĂ© « le fleuve le plus polluĂ© du monde », le Citarum charrie des tonnes de plastiques et de substances toxiques issues de l’industrie textile. On y trouve du mercure Ă des niveaux 100 fois supĂ©rieurs aux normes. Cette situation dramatique met en danger la santĂ© de millions de personnes dĂ©pendantes de cette eau.
Le Huang He (Chine)
Le fleuve Jaune est aujourd’hui gorgĂ© de rejets issus de la production de charbon et de produits chimiques. Près d’un tiers de son cours est devenu inutilisable, mĂŞme pour l’industrie. Des cas de cancers, malformations et maladies hydriques se multiplient dans les rĂ©gions riveraines.
La Seine (France)
Moins mĂ©diatisĂ©, le cas de la Seine reste pourtant symptomatique : entre 500 000 et 1 million de tonnes de dĂ©chets sont encore jetĂ©s dans la nature chaque annĂ©e en France. En 2020, la Seine contenait plusieurs centaines de tonnes de dĂ©chets solides, et 11 200 tonnes de plastiques Ă©taient dĂ©versĂ©es en MĂ©diterranĂ©e depuis les cĂ´tes françaises. Ă€ cela s’ajoutent les micropolluants tels que les rĂ©sidus mĂ©dicamenteux, les pesticides agricoles, les nitrates et les phosphates.
Le RhĂ´ne (France)
Victime de pollutions industrielles historiques, le Rhône souffre encore aujourd’hui de la présence de PCB (polychlorobiphényles), des substances chimiques interdites depuis 1987 mais persistantes dans les sédiments. Des alertes ont été émises par les autorités sanitaires sur la consommation de poissons issus du fleuve. L’association France Nature Environnement a dénoncé en 2023 les rejets chroniques d’industries chimiques dans le fleuve.
La Garonne (France)
La Garonne fait face à une pollution diffuse liée à l’agriculture : pesticides, engrais chimiques, ruissellements agricoles. Des traces de glyphosate ont été retrouvées dans les nappes phréatiques. La biodiversité de certaines zones est fragilisée, et plusieurs stations de captage d’eau potable ont dû être fermées temporairement.
Le Mississippi (USA)
Le Mississippi concentre une pollution multiple : nitrates issus de l’agriculture intensive, hydrocarbures, mĂ©taux lourds. Un « Dead Zone » de plus de 8 000 km² se forme rĂ©gulièrement dans le golfe du Mexique, Ă son embouchure.
Le Marilao (Philippines) & le Buriganga (Bangladesh)
Ces deux fleuves illustrent les effets cumulatifs de l’industrie, des dĂ©chets mĂ©nagers et des tanneries : leur eau est noire, toxique, et la vie aquatique y est quasiment Ă©teinte.
Sources principales de pollution fluviale
- Rejets industriels : les déversements de produits chimiques, de métaux lourds et de microplastiques sont encore trop souvent incontrôlés.
- Agriculture intensive : l’usage massif de nitrates et de pesticides contamine les sols et les eaux par ruissellement.
- DĂ©chets solides : une part importante des ordures mĂ©nagères Ă©chappe au ramassage et finit dans les cours d’eau.
- Eaux usées non traitées : dans de nombreux pays, les infrastructures de traitement sont insuffisantes, voire inexistantes.
- Micropolluants : hormones, résidus de médicaments, produits cosmétiques et plastiques sont de plus en plus détectés, y compris dans les fleuves européens.
- Pollution historique : les rejets anciens de métaux lourds ou de produits chimiques persistants continuent à polluer les sédiments et les organismes vivants.
Conséquences environnementales et sanitaires
Perte de biodiversité
Les espèces aquatiques disparaissent ou migrent, incapables de survivre dans des eaux polluées et pauvres en oxygène.
Risques sanitaires graves
L’accès Ă une eau potable de qualitĂ© est de plus en plus restreint. Les maladies hydriques (cholĂ©ra, dysenterie, typhoĂŻde) sont en hausse, notamment dans les zones dĂ©favorisĂ©es.
Perturbation des activités humaines
La pollution empĂŞche la pĂŞche, l’agriculture et le tourisme. Elle reprĂ©sente Ă©galement un coĂ»t Ă©levĂ© pour la santĂ© publique et l’environnement.
Vers des solutions durables
Renforcer les réglementations
L’application stricte de normes environnementales, comme la directive-cadre sur l’eau en Europe, est indispensable. En 2025, seuls 39,5 % des masses d’eau de surface de l’UE sont en bon Ă©tat Ă©cologique.
Financer la transition
La Commission européenne alerte sur le « déficit de financement ». Des investissements massifs sont nécessaires, notamment pour lutter contre les PFAS, les « polluants éternels ».
Moderniser la gestion des déchets
Encourager le tri, le recyclage et l’Ă©conomie circulaire permettrait de limiter l’afflux de dĂ©chets solides dans les fleuves.
Agriculture durable
Des pratiques comme l’agriculture biologique ou la rĂ©duction des intrants chimiques doivent ĂŞtre gĂ©nĂ©ralisĂ©es.
Modernisation des stations d’Ă©puration
Les stations actuelles ne permettent pas de filtrer tous les micropolluants. Des technologies de nouvelle génération doivent être financées et mises en œuvre pour capturer résidus médicamenteux, plastiques, hormones, etc.
Sensibilisation et responsabilité citoyenne
Les changements viendront aussi des comportements individuels. Moins jeter, consommer responsable, soutenir les initiatives locales : chaque geste compte.
Initiatives positives
Des projets de renaturation comme ceux de la Bièvre à Paris ou le label « Rivières Sauvages » montrent qu’un retour à un bon état écologique est possible si les moyens sont engagés à long terme.