Bienvenue sur le blog de Nourriture&Survie. Aujourd’hui, nous avons l’honneur de vous présenter un échange que nous avons eu avec Julien Brebion, un photographe professionnel de montagne dont le nom résonne comme une légende dans le monde de l’Himalaya. Julien, surnommé le « Loup Solitaire », est un véritable explorateur solitaire, un alpiniste chevronné et un passionné de paysages.
Dans cette interview exclusive, nous plongeons au cœur de l’univers captivant de Julien. Julien nous transporte à travers ses clichés époustouflants, témoignant de la majesté des sommets himalayens et de la vie des différentes communautés ethniques qui y résident.
Au-delà de son talent indéniable pour la photographie, Julien partage avec nous son engagement à enseigner cet art à travers des ateliers en haute montagne.
Laissez-vous emporter par l’interview captivante de Julien Brebion, qui nous transporte dans un monde où les sommets se mêlent à l’horizon infini et où chaque cliché raconte une histoire inoubliable.
Bonjour Julien, merci pour le temps que vous nous accordez. Tout d’abord est-ce que vous pourriez nous raconter comment vous en êtes arrivés à votre vie actuelle ? Est-ce qu’il y a eu un déclic, ou est-ce que c’est un long cheminement ?
C’est un peu des deux. A l’origine j’étais professeur d’arts martiaux dans le sud de la France, mais je pratiquais pas mal d’activités outdoor, techniques de survie etc. Depuis tout petit.
Puis j’ai eu un moment de battement vers mes 26 ans où je pouvais partir dans n’importe quelle direction et je voulais découvrir l’Asie et particulièrement l’Himalaya depuis l’enfance.
Je pratiquais la photographie depuis très jeune, donc je me suis dit : si je me lance comme reporter/photojournaliste, on ne me posera pas 100 fois la question de pourquoi je pars dans mon entourage.
Je suis donc parti comme ça, et ça a duré une décennie, j’ai vécu 1 an en Inde du Nord, 8 ans au Népal et j’ai pas mal baroudé en Asie du sud-est aussi (Malaisie, Thaïlande, Laos, Cambodge).
Dès le départ j’ai eu le coup de foudre avec l’Himalaya et j’ai tout suite voulu aller l’explorer, J’ai d’abord été reporter pour la presse internationale pendant 6 ans, puis ensuite je me suis consacré à l’Himalaya uniquement, jusqu’à en faire ma spécialité aujourd’hui, avec 12 années dans cette zone en solitaire.
On vous connaît sous le pseudo de Lone Wolf, d’où vient ce nom ?
C’est sur Kathmandu que mes amis m’ont appellés comme ça au départ, j’étais le blanc bizarre qui part tout seul dans le haut Himalaya pour faire des photos. C’était abstrait et curieux pour eux.
Le « Lone Wolf » est resté finalement et j’ai même appelé mon entreprise comme ça : « Lone Wolf Pictures »
Qu’est-ce que vous vous êtes dit lors de votre premier voyage au Népal ? Est-ce que vous avez immédiatement su que vous alliez y passer autant de temps ?
Oui ! C’était le coup de foudre culturel, social, TOUT me correspond au Népal, même les incohérences. C’est là bas que j’ai vraiment eu la sensation pour la première fois dans ma vie d’appartenir à une nation et se sentir une solidarité réelle. Comme je le dis depuis mon retour en France (il y à 3 ans), j’ai la double culture aujourd’hui Français/Nepali et beaucoup de choses me semble absurde en occident aujourd’hui. Mais je le vis bien ! (lol)
Est-ce que la solitude a été un choix, ou est-ce plutôt la conséquence de la difficulté physique de vos expéditions ?
C’était un choix et c’est devenu une obligation, les super altitudes ne sont pas un substrat propice à la multitude.
Personne dans mon entourage ne pouvait me suivre. C’est aussi pour ça que réaliser du contenu vidéo des coulisses de mon travail à toujours été un challenge énorme.
Avez-vous trouvé un équilibre entre votre solitude et la rencontre de l’autre ?
En fait, lorsqu’on passe 1 ou 2 mois tout seul dans l’Himalaya on n’est déjà pas réellement seul car il y a toujours une ou deux colonies d’altitude où réside des Nepali. Mais on est dans un calme et un silence omniprésent.
Tout devient très lent, le temps est figé là-haut. Le retour sur Kathmandu c’est le retour à la vie aussi, qui fourmille, le monde des humains. J’ai toujours retrouvé ma ville et mon quartier avec joie quand je redescendais de mes sessions en altitude.
On revoit les copains, les habitudes de vie, le quotidien. c’est le contraste justement entre le silence qu’il y à là-haut et la vie bouillonnante dans la vallée qui permet d’être bien tout le temps.
Vous travaillez avec Time on Target dont nous avons eu la chance d’échanger avec sa fondatrice Eleonore Lluna. Quelle expertise leur apportez-vous et comment se concrétise votre collaboration ?
Je ne crois pas vraiment en l’expertise, mais en la spécialité de chacun. Moi ma spécificité c’est que je peux réaliser des prises de vue dans n’importe quelles situations ou activités outdoor/extrême.
J’ai de l’expérience dans tous les biomes, avec bien sûr ma spécialisation pour les très hautes altitude et l’escalade. Mais j’ai aussi une grande expérience des situations de crise sévère.
Grâce à mes années comme reporter indépendant où j’ai couvert nombre de sujets et catastrophes intenses. Par exemple, les grands tremblements de terre massifs au Népal en 2015.
Quand vous voyagez seul, dans la montagne, comment vous nourrissez vous ?
Principalement avec du lyophilisé dans les « no-man’s lands » sinon je mange dans les colonies d’altitude comme tous les alpinistes et trekker de passage. Je mange toujours local également.
Pour des raisons culturelles, éthiques, et écologiques.
Avez-vous vécu des expériences où vous avez eu peur pour votre vie ?
De nombreuses fois, quand j’étais reporter déjà, mais ça c’est presque normal j’ai envie de dire. Et en montagne j’ai eu beaucoup de « dérapages » et de situations assez extrêmes où j’ai cru réellement y rester.
Comme par exemple quand le glacier du Gangapurna dans les Annapurnas s’est écroulé sur lui-même juste devant moi alors que j’étais devant le mur de glace à 20m. j’ai eu aussi de grosses frayeur en cascade de glace, sans assurage (car en solo).
Là aussi ça ne pardonne pas. Mais la montagne m’a toujours laissé rentrer sain et sauf !
Vous proposez des stages de photographie en France mais vous êtes aussi photographe d’aventure, fixer et organisateur d’expéditions dans l’Himalaya. A quoi ressemble votre vie entre France et Népal ?
Ma vie en France est assez occupée ! je fais beaucoup de reportages photos outdoor pour différents clients dans le secteur, je couvre les stages de survie de Time on Target, et je m’occupe de toutes leurs productions médias.
Au Népal j’ai couvert des expéditions commerciales notamment avec Kenton Cool (record occidental d’ascensions de l’Everest (17 fois), mais aujourd’hui j’y retourne principalement pour continuer de créer du contenu photo et revoir mes amis.
Cependant je travaille sur un projet d’expédition avec T-o-T pour mettre en place un itinéraire différent et faire découvrir l’Himalaya aux gens.
Enfin si vous deviez donner un conseil pour faire de belles photos en rando, quel serait-il ?
Pratiquez, pratiquez et pratiquez et formez- vous. Hélas en France personne ne propose de formation complète photo/outdor/logistique matériel à part moi 🙂
Donc rendez-vous en stage ?
Merci infiniment à Julien pour la qualité de ses réponses et le temps qu’il nous a consacré !
Si vous souhaitez en savoir plus sur lui, ses stages, plonger dans son univers alors rendez-vous sur son Intagram ou son site internet.